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16 août 2021 - Collaborateur

Parcours d’œuvres éphémères : un numéro artistique à la fois humain, original et poignant

Cet été, un parcours d’œuvres éphémères enrichit et embellit plusieurs parcs et espaces publics de Trois-Rivières. Peut-être as-tu déjà été surpris ou émerveillé par la découverte de certaines œuvres au cœur de la ville? Quelques créations sont installées pour plusieurs semaines, alors que des prestations ont plutôt lieu à des moments bien précis. C’était le cas de l’intervention artistique nommée Extension d’un souffle : quintette pour sons, corps et roues.

Présenté le 17 juillet dernier, l’évènement mettait de l’avant deux artistes professionnelles et trois participantes de La Fenêtre. Tu connais cet organisme? Il vise l’inclusion sociale des personnes ayant des limitations physiques et/ou mentales par le biais des arts et de la culture. On y offre une grande diversité de cours : peinture, sculpture, verre, danse, et plus encore.

Afin d’en savoir davantage sur le numéro qui sortait carrément des sentiers battus, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec Isabelle Clermont et Camille Brisson. Elles sont toutes deux à la fois artistes en arts visuels et musiciennes. Camille est également médiatrice culturelle, et Isabelle donne des ateliers en musique et en danse, notamment à la Fenêtre. Elles m’ont parlé avec passion de leur projet commun et porteur de sens, qui mettait en lumière toute la puissance et la profondeur de l’être humain, peu importe ses différences.

D’abord, quelle était l’ambiance dans laquelle se tenait la prestation?

En fait, ce n’était pas comparable à un concert traditionnel puisque ce que l’on offrait au spectateur, c’est trois courts moments intimes et précieux, vécus à l’emporte-pièce. Le numéro a eu lieu dans l’espace vert du Sanctuaire Notre-Dame du Cap-de-la-Madeleine, près du tombeau et de la grotte, avec vue sur le fleuve. L’atmosphère qui y régnait favorisait une belle connexion avec la nature et avec le moment présent.

Pouvez-vous me décrire le décor que vous avez créé et qui a inspiré votre performance?
Nous avons produit huit grandes bannières de tissu qui comportaient des partitions graphiques. À la différence d’une partition conventionnelle, une partition graphique est composée d’éléments visuels qui représentent des codes pour diriger la musique. Nous en avons conçu trois chacune, et deux ont été réalisées par les participantes de la Fenêtre. Elles se sont vraiment éclatées en créant leurs œuvres! Les partitions étaient très colorées. On y trouvait des symboles forts résultant de nos démarches respectives, soit des formes, des lignes, des roues, des racines et des insectes. Les bannières ont été suspendues aux arbres et descendaient jusqu’au sol, délimitant ainsi un grand et vaste demi-cercle où se déroulait la prestation.

Quels étaient vos rôles et celui des participantes de la Fenêtre lors de l’évènement?
Le projet découlait des cours de danse exploratoire et de musique créative donnés par Isabelle qui ont eu lieu de janvier à juin à la Fenêtre. Les participantes, Annie-Kim Charest-Talbot et Anne-Sophie Provencher, sont toutes deux en fauteuil roulant. Marylène Massé, l’accompagnatrice, présente quant à elle une limitation visuelle. Anne-Kim et Anne-Sophie, avec l’aide de Marylène, faisaient des gestes s’apparentant à de la danse contemporaine, en s’inspirant des partitions graphiques qui leur servaient de repères. Elles maniaient également parfois différents objets tels que des roues et des racines colorées. Ce sont elles qui nous guidaient pour produire les sons et bruits, provenant de nos instruments soit la flûte, la harpe, le picolo et l’orgue. Nous étions toutes les deux en retrait, pour laisser une plus grande place aux participantes de la Fenêtre. Nous souhaitions que ce soit elles, les étoiles du numéro.

Était-ce un numéro chorégraphié ou improvisé?

Il y avait une certaine chorégraphie avec des points de repère, mais également beaucoup de spontanéité et de liberté. En plus, la promotion a eu lieu seulement quelques jours avant et fournissait très peu de détails. Notre intervention a donc revêtu la forme d’un happening, un évènement venant surprendre les invités comme les passants, n’existant que dans un court laps de temps.

Pourquoi avez-vous choisi le Sanctuaire?

Les lieux de culte et patrimoniaux offrent non seulement une magnifique sonorité, mais il y a également toute une charge émotive et historique qui en émane. Ces endroits ont été longtemps des repères pour la société, et même s’ils sont moins prisés, ils engendrent toujours autant d’émerveillement. La douceur et la bienveillance de ces lieux de recueillement ajoutent à la magie des arts qui y sont présentés.

À travers notre discussion, je sens une grande admiration de votre part pour les participantes de l’organisme La Fenêtre. Pouvez-vous me dire ce que cela représente pour vous d’avoir collaboré avec elles?

 Ces femmes ont énormément de talent et d’idées. Les impliquer dans un tel projet de recherche et de création, c’est leur permettre que leur poésie se déploie, s’extériorise. Ce n’est pas juste nous qui avons quelque chose à leur apprendre, bien au contraire. Leur sensibilité et leur vision du monde nous poussent à poser un regard différent sur ce qui nous entoure. Malheureusement, on parle souvent de leurs limites alors que l’on devrait axer davantage sur toutes les possibilités qui s’offrent à elles. Leur univers créatif et intellectuel est débordant, ça bouillonne dans leur esprit! Pour nous, c’est tout naturel et fort enrichissant d’aller à leur rencontre, de briser les tabous et ainsi, de démocratiser les arts.

C’était la première fois que vous faisiez équipe toutes les deux pour un projet artistique, croyez-vous reconduire l’expérience dans le futur?

Absolument! Déjà, nous avons enregistré notre performance afin de pouvoir la conserver dans nos archives. Nous partageons plusieurs points communs comme artistes. Extension d’un souffle : quintette pour sons, corps et roues est une amorce, une prise d’action vers un projet de recherche et de création à moyen et long terme s’intitulant OUÏR. Nous avons d’ailleurs une diffusion au programme en avril 2022, sur l’invitation de Tour de Bras qui se déroule lors des RMS, Rencontres de musiques spontanées à Rimouski. Cette édition totalement féminine mettra en lumière des créatrices provenant des quatre coins du Québec.

Pour visionner une vidéo de la performance du 17 juillet dernier, cliquez ici!

 

Photo : ©Isabelle Clermont, 2021. 

Rédaction : L’Éclaireuse

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